lundi 18 mars 2019

Article: la SNCF va bientôt perdre le monopole du transport ferroviaire des passagers

 Un article publié par Le Monde du 26/02/2018, disponible ici:
http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/02/26/sncf-que-signifie-l-ouverture-a-la-concurrence_5262897_4355770.html

Cet article illustre l'évolution de la structure de marché du transport ferroviaire, qui était en situation de monopole, et qui se transforme peu à peu en marché oligopolistique. L'ouverture à la concurrence signifie que l'entreprise publique perdure mais que des entreprises privées vont être autorisées à produire le même service, en utilisant les voies de la SNCF.

Extraits:

"SNCF : que signifie l’ouverture à la concurrence ?

A partir de 2021, des opérateurs privés pourront exploiter leurs trains sur le réseau ferroviaire, conformément au calendrier imposé par l’UE à la France pour libéraliser le secteur.


LE MONDE | • Mis à jour le | Par

On pourra bientôt prendre le train sans entendre le fameux jingle de la SNCF. A partir de 2021, des opérateurs privés pourront en effet commencer à faire rouler leurs propres trains sur le réseau ferroviaire français, mettant fin à plus de quatre-vingts ans de monopole de la Société nationale des chemins de fer sur le transport de voyageurs.
Cette échéance correspond au calendrier imposé par l’Union européenne à la France pour libéraliser son secteur ferroviaire. Et c’est bien la perspective de l’arrivée de concurrents de la SNCF qui est au cœur de la réforme de l’entreprise annoncée le 26 février par le gouvernement.

1. Comment s’explique le monopole de la SNCF ?

Depuis la nationalisation des chemins de fer, en 1937, la SNCF est la seule société autorisée à transporter des voyageurs par le train. Ce monopole était essentiellement motivé par l’idée que le transport ferroviaire était un service public, qui ne devait pas être soumis à la logique du marché. Opérateur historique et unique, l’entreprise publique SNCF pouvait donc assumer les missions que lui confiait l’Etat (son principal actionnaire), y compris si elles n’étaient pas lucratives : cela lui permettait par exemple d’assurer des petites lignes non rentables, mais importantes dans une logique d’aménagement du territoire.

2. Que signifie « libéraliser » ?

Cette situation était en contradiction avec l’idée de « concurrence pure et parfaite » promue par les économistes libéraux et « sanctifiée » dans les traités européens — la Commission européenne voyait dans ces monopoles nationaux un frein à la croissance économique, un obstacle à la baisse des prix et une explication de la mauvaise santé du secteur ferroviaire. C’est pourquoi elle a engagé, au début des années 1990, un processus de libéralisation du rail. Cela ne signifie pas que la SNCF doit forcément être privatisée, mais qu’elle doit être mise sur un pied d’égalité avec des concurrents privés, qui doivent pouvoir proposer leurs propres services de transport ferroviaire (...).




3. Pourquoi la SNCF doit-elle être réformée avant la libéralisation ?

Le processus de libéralisation n’interdit pas le maintien d’une entreprise publique parmi les opérateurs ferroviaires, et n’impose donc pas la privatisation de la SNCF. En revanche, un certain nombre de règles européennes visent à s’assurer que la SNCF ne sera pas avantagée par rapport à ses concurrents (...).