jeudi 15 novembre 2018

Thème 2 Le financement de l’économie
Ch 1 De quelles manières les agents économiques peuvent-ils financer leurs activités économiques ?

Programme : Les choix de financement des agents économiques seront présentés de manière élémentaire. La notion de crédit sera illustrée par une présentation de différentes formes de prêt, en s’appuyant sur des exemples : prêts à taux fixe, prêts à taux variable, échéance des prêts. On montrera que le taux d’intérêt est à la fois la rémunération du prêteur et le coût du crédit pour l’emprunteur et qu’il varie en fonction du risque associé au crédit. On pourra illustrer ce mécanisme à partir de l’exemple des crises des dettes publiques. On distinguera le financement intermédié et le financement direct. Dans la procédure de financement par appel au marché, on présentera les grandes catégories de titres émis et échangés (actions, obligations) ainsi que leur mode de rémunération (dividende, intérêt).



Notions : Autofinancement
Financement direct, financement indirect
Taux d’intérêt
Risque de crédit

Objectifs :
- Etudier et classer les différentes possibilités pour financer les dépenses des agents économiques.
- Montrer les différentes modalités du crédit et le rôle du taux d’intérêt.
- Comprendre les grands principes de fonctionnement des marchés financiers

Problématiques :
- Quelles sont les différentes manières de financer les activités économiques des agents lorsque ceux-ci ont des besoins supérieurs à leurs ressources ?
- Quels sont les avantages et les risques de chacun de ces modes de financement ?




1. Quelles sont les différentes possibilités pour une entreprise ou une administration publique pour financer son activité économique ? 2 p110, Ex1 poly et texte à trous

2. Quel est le rôle du taux d’intérêt quand un agent s’endette ? 3 p115, Ex 2 à 5 poly

3. Le recours massif aux crédits et aux marchés financiers est-il une bonne chose pour la société ?
A.Les marchés des capitaux sont-ils un mode de financement satisfaisant ? Ex 6 à 8 poly
B. Les crédits provoquent-ils des bulles immobilières ? Ex 9 et 10 poly
 
 Document 1:
 
En 1298, un négociant génois, Benedetto Zaccaria, identifie une affaire potentiellement très rentable. Il sait qu'un stock d'alun de 20 tonnes est à vendre à Montpellier et que l'alun1 est actuellement très demandé à Bruges, dans les Flandres, où l'industrie textile florissante en fait grande consommation. Pour simplifier, supposons qu'une seule et même monnaie constituée de pièces d'or, les ducats, soit utilisée en Méditerranée et dans les Flandres.
Zaccaria est propriétaire d'un seul bateau et dispose des informations suivantes. Il sait que 20 tonnes d'alun se vendaient couramment environ 2 000 ducats à Bruges ces derniers mois. Ayant approché le propriétaire du stock d'alun à Montpellier, il sait pouvoir l'acquérir pour 1000 ducats. L'opération durera trois mois : deux mois de transport maritime, un mois pour ramener l'or de Bruges à Gênes, par la voie terrestre, beaucoup plus sûre.
Voici les différentes possibilités qui s’offrent à lui à Gênes, en 1298.
  1. Il peut financer tout seul, lui-même, l’opération et avancer les 1000 ducats en les prenant sur sa cassette personnelle. Il gardera pour lui seul la totalité des bénéfices et n’aura de compte à rendre ni à des banquiers pointilleux, ni à des associés soupçonneux. L’ennui est que si l’affaire tourne court –le bateau coule, le prix de vente de l’alun s’effondre- il supportera tout seul le risque de l’aventure. De surcroît, il se prive de faire une excellente affaire. La demande est forte à Bruges, il pourrait vendre facilement le double d’alun mais ses propres moyens sont limités et il se prive, en n’utilisant que son propre argent, de faire des bénéfices plus conséquents.
  2. Pourquoi ne pas s’associer avec d’autres ? Zacco et Suppa, deux amis de bonne famille, seraient prêt à participer à son activité en apportant chacun de quoi acheter un second bateau et 20 tonnes d’alun supplémentaires. En disposant ainsi d’un plus grand capital, Zaccaria pourrait rendre son affaire plus profitable et il partagerait les risques avec ses associés. Mais l’idée de partager les bénéfices avec eux et les risques de désaccord sur la stratégie à mener ne l’enchantent guère. Surtout si ses deux amis se liguent contre lui.
  3. Pourquoi ne pas alors emprunter une somme équivalente. Son ami Unpeto lui a souvent parlé de cette bourse où ceux qui ont de l’argent à placer sont disposés à le prêter à ceux qui en ont besoin, moyennant intérêt. Voyons, si Zaccaria vend des obligations2, gagés sur son négoce et rapportant à leur détenteur un taux d’intérêt de 5%. Il sera gagnant si la somme empruntée lui rapporte dans son affaire plus de 5%, par exemple 6 ou mieux, 10 %. En plus, les épargnants qui lui avanceront cette somme lui laisseront gérer comme il entend son activité, du moment qu’ils ont leur 5%. L’ennui est que l’affaire est risquée. Que se passera-t-il si son négoce rapporte moins que prévu : 4 %, voire 3% du capital engagé ? Contrairement aux associés, qui acceptent de partager les bénéfices selon leur niveau, et même les pertes, pour les prêteurs, 5%, c’est 5% : par ici la monnaie ! Et puis, il faut rembourser la somme empruntée.
  4. Un banquier ferait-il mieux l’affaire ? A priori, un banquier ne lui fera pas grâce des intérêts à payer, puisque c’est sa principale source de revenu. Mais il peut être plus conciliant, et on peut obtenir une renégociation du prêt en cas de coup dur. Comme celui-ci a de multiples clients, il peut plus facilement amortir l’infortune de certains de ces clients par la bonne fortune des autres. Mais dans ce cas, adieu l’autonomie. Rien de pire que le nez d’un banquier dans vos livres de comptes !
Récit construit à partir de l’ouvrage « Le commerce des promesses, petit traité sur la finance moderne », Pierre-Noël Giraud, Ed. Le seuil, 2001.
  1. Comprendre : A partir du texte, complétez le schéma ci-contre avec les termes suivants : Financement intermédié/ Augmentation de capital/ Autofinancement/ Financement externe.
  2. Définir : Proposez une définition de l’autofinancement et une définition du financement externe.
  3. Expliquer : Vous préciserez les avantages et les inconvénients de chaque possibilité de financement (tableau page suivante)

Avantages
Inconvénients
Autofinancement


Augmentation de capital


Emprunt obligataire


Intermédiation bancaire



Exercice 2 : Le taux d’intérêt et rémunération du prêteur

Caroline, élève en première ES, a reçu 150 euros de la part de ses parents et grands-parents pour Noël 2017. Elle souhaite dépenser 50 euros pendant les soldes à partir du 11 janvier 2018 mais économiser 100 euros afin de financer un voyage avec ses amis pour fêter sa réussite au baccalauréat en juillet 2019. Son père lui propose d’ouvrir un Livret Jeune pour placer ses 100 euros. Un livret jeune est accessible à toute personne âgée de 12 à 25 ans, résidant en France à titre habituel. La rémunération est  de 2,25% par an et les intérêts sont totalement exonérés de l'impôt sur le revenu et des prélèvements sociaux.

1. Si Caroline ouvre un Livret Jeune le 01 Janvier 2018, place sur ce Livret 100 euros et ne fait aucun retrait au cours de l’année, quel sera le montant des intérêts que la banque lui versera sur son livret le 31 décembre 2018 ?
2. Quel serait le montant au 31 décembre 2019, si elle conservait toutes ces sommes sur son livret (les 100 euros et les intérêts reçus l’année précédente) et renonçait à les dépenser pour fêter son bac ?

Exercice 3 : Baromètre des taux de crédit immobilier – Taux d’intérêt au 16/10/2018

15 ans
20 ans
25 ans

Taux fixe
Taux révisable
Taux fixe
Taux révisable
Taux fixe
Taux révisable
excellent
1,15
0,85
1,35
1,45
1,55
1,19
bon
1,5
1,65
2,5
1,93
1,9
1,67
Taux hors assurance. Taux révisable : + ou -1 %. Bon : meilleur que les taux moyens constatés. http://www.meilleurtaux.com/

1. Discuter - Quels peuvent être les avantages et inconvénients d’un taux révisable ?
2. Comparer - Comparez les taux selon la durée du crédit.
3. Expliquer - Qu’est-ce qui pourrait expliquer que certains emprunteurs obtiennent un taux « excellent » et d’autres un taux « bon » voire moins bon ?

Exercice 4 : Le crédit revolving* en accusation
Avec 38 milliards d'euros de crédits accordés en 2009, les crédits à la consommation sont en baisse annuelle de 13 %. C'est d'une certaine façon une bonne nouvelle, tant il contribue souvent à plonger des ménages modestes dans le surendettement. Surtout le « crédit revolving».
« Besoin d'argent rapidement ? » « Augmentez votre pouvoir d'achat. » « C'est le moment de financer toutes vos envies ! » Les slogans des offreurs de crédits revolving font tout pour faire croire aux consommateurs que le bonheur est dans le prêt. Les crédits revolving (crédits renouvelables, en français) sont distribués par les banques, des établissements de crédit spécialisés (Cetelem, Sofinco, Cofinoga, etc.) et des distributeurs (Auchan, Darty, Ikéa…). Ils permettent à l'emprunteur de disposer très rapidement d'une somme d'argent qu'il peut dépenser à sa guise. Et le volume de crédit disponible se reconstitue au fur et à mesure des remboursements effectués.
Mais cette liberté de dépenser est chèrement acquise : les taux varient entre 15 % et 20 %, et plus du tiers sont supérieurs à 19 % ! Or, si les crédits revolving ne représentent que 21 % du volume total des crédits à la consommation accordés aux ménages aujourd'hui ce sont les personnes aux bas revenus qui y ont principalement recours.
Le crédit revolving en accusation, C. Alet-Ringenbach, Alternatives Economiques n° 278 - mars 2009
* Un crédit « revolving » ou « renouvelable » (en français) est une somme d’argent que le client peut utiliser à tout moment et rembourser selon un échéancier très flexible.

1. Définir : qu'est-ce qu’un crédit revolving ?
2. Calculer – Calculez le total des intérêts que verserait un ménage qui utiliserait pendant 5 ans consécutivement un crédit renouvelable de 1000€ à un taux de 20% par an.
3. Expliquer - Expliquez le passage souligné.
4. Expliquer : Pourquoi, selon vous, un prêt immobilier a-t-il Un taux d’intérêt plus bas ?

Exercice 5 : Le prix de l’argent... et du temps
Le taux d’intérêt est le prix de l’argent que vous n’avez pas et que vous empruntez pour une durée et selon des modalités déterminées. Inversement, c’est le prix de l’argent que vous avez et que vous prêtez pour un certain temps (…)
Quand vous empruntez de l’argent, le service qui vous est rendu par le prêteur est de vous faire profiter par anticipation de vos revenus futurs. Par exemple, vous pouvez décider d’emprunter sur deux ans de l’argent pour acheter aujourd’hui les meubles d’une chambre à coucher. Ou bien, vous pouvez choisir de mettre de côté petit à petit la somme nécessaire et acheter les meubles « cash » dans un an et demi. Si vous empruntez, vous allez payer, par le versement des intérêts, le gain d’un an et demi d’utilisation de ces meubles. S’il s’agit d’un emprunt pour « s’installer » professionnellement, le service rendu n’est pas un gain de temps de consommation mais une possibilité de gagner des revenus.
A l’inverse, quand vous prêtez de l’argent, le taux d’intérêt correspond à la rémunération d’une abstinence. Vous renoncez, pendant un certain temps, à consommer immédiatement et, plus largement, à avoir la libre disposition de votre argent. Plus longue est l’abstinence et plus vous pourrez, en principe, obtenir un taux d’intérêt élevé (…).
Le taux d’intérêt rémunère aussi le risque pris par le prêteur : le risque de ne pas être remboursé (ce qu’on appelle le risque de défaillance ou de défaut) ; le risque que l’inflation
dévalorise la somme remboursée. Le taux d’intérêt comprend donc une prime de risque variable en fonction de la confiance accordée à l’emprunteur, de la durée du placement et de l’anticipation de l’inflation.
Lafinancepourtous.com

1. Expliquer : A quel sacrifice consent le créancier ? Pourquoi l’accepte-t-il ?
2. Interpréter : que signifie la 1ère phrase soulignée ?
3. Illustrer : Montrez à l’aide d’un exemple que le taux d’intérêt varie selon la durée du crédit.
4. Expliquez : Quels sont les deux types de risques pris par le créancier ?

Exercice 6 : Vidéo « dessine moi l’éco » sur la Bourse
  1. Définir : qu’est-ce que la Bourse ?
  2. Décrire : quels agents peuvent investir en Bourse ?
  3. Expliquer : Pourquoi et quand un investisseur achète-t-il des actions ?
  4. Distinguer : différencier les deux marchés
  5. Expliquer : Comment est fixé le prix d’une action ?
  6. Expliquer : pourquoi les marchés financiers sont-ils accusés de provoquer des crises ?
  7. Définir : qu’est-ce que la spéculation ?

Exercice 7 : Valeur de l’indice CAC 40 entre mars 1990 et octobre 2018
(en points, base 1000 au 31 décembre 1987)  d’après http://fr.finance.yahoo.com/q/hp?s=^FCHI

 
A savoir – Qu’est-ce que le CAC40 ?
Le CAC40 est le principal indice boursier de la place de Paris. Il permet de mesurer l’évolution moyenne des cours de 40 actions de très grandes entreprises qui s’y financent (Total, Sanofi-Aventis, BNP Paribas, LVMH, Air Liquide, Danone, GDF-Suez, France Télécom…). Le poids de chaque entreprise dans l'indice est pondéré en fonction de l'importance de sa valeur boursière.

Calculer : A l’aide de calculs appropriés (coefficients multiplicateurs ou taux de variation), présentez l’évolution du CAC 40 en complétant le tableau ci-dessous.
 Période
Variation du CAC 40
De 1990 à 2018

De 1990 à 2000 

De 2000 à 2003 

De 2003 à 2007 

 De 2007 à 2009 

De 2009 à 2012

De 2012 à 2018



Exercice 8 : Le marché financier : des investissements rationnels ?
Pour bien comprendre la logique spéculative, prenons à titre d'illustration l'exemple de la bulle Internet. Selon les partisans de l'hypothèse d'efficience financière, l'accroissement des cours boursiers à la fin des années 1990 aurait dû dissuader les investisseurs de les acheter. La demande ne diminue-t-elle pas avec le prix ? En effet, à leurs yeux, il est irrationnel d'acheter un titre poussé par la spéculation à 100 euros alors que sa « vraie valeur » est 10 euros.
Que vaut cet argument ? Il repose sur deux hypothèses également contestables. D'une part, ce raisonnement suppose de connaître la vraie valeur du titre. Or, comme les titres financiers sont des droits sur des revenus futurs par nature fortement incertains, leur valeur est également fortement incertaine. […]
Considérons maintenant la deuxième hypothèse. Le raisonnement consistant à comparer 100 euros, le prix d'aujourd'hui, à 10 euros, la vraie valeur, suppose que l'investisseur achète l'action dans le but de la conserver en portefeuille. Or, et c'est là notre deuxième objection, sur des marchés liquides, l'investisseur a d'autres projets : il achète dans la perspective de revendre plus tard. Ce qui motive son action n'est aucunement la « vraie valeur » mais l'anticipation du prix futur. Ce qui l'intéresse n'est pas le revenu mais la plus-value. C'est très différent. Par exemple, s'il pense que le titre vaudra demain 105 euros, il est absolument rationnel pour lui de l'acheter à 100 euros, même si, par ailleurs, il croit que sa « vraie valeur » est de 10 euros.
[…] Ce qui compte pour l'investisseur rationnel n'est pas la valeur objective du titre en tant que droits sur des revenus futurs, mais la manière dont évolue l'opinion majoritaire du marché. Sa référence n'est pas l'économie réelle, mais le marché lui-même.
Par conséquent, une période de hausse des cours, loin de susciter un repli de l'investissement comme le voudrait la loi de l'offre et de la demande, peut le favoriser énormément en engendrant une croyance durable dans la hausse future. Or, comme le prix qui se forme est le résultat de ces comportements, la croyance majoritaire dans la hausse produira mécaniquement la hausse. C'est ce qu'on nomme une « prophétie autoréalisatrice »
André Orléan, « Pourquoi tant de crises ? », Alternatives Economiques Hors-série n° 087 - décembre 2010

1. Illustrer : illustrez la phrase soulignée.
2. Expliquer : Pour des "biens normaux", c'est-à-dire des biens achetés pour être consommés et non pour être revendus, que fait la demande en général lorsque le prix augmente ? Pourquoi peut-il en aller inversement pour les actifs financiers ?
3. Expliquer : Sur quoi se fonde l’ « investisseur rationnel » pour prendre ces décisions ?
4. Expliquer : pourquoi les bulles financières peuvent parfois qualifiées de « prophétie autoréalisatrice » ?

Exercice 9 : Vidéo Les mécanismes de la crise immobilière
1. Justifier - Pourquoi peut-on avancer l’idée que « le crédit c’est génial » ?
2. Expliquer - Expliquer le mécanisme de gonflement puis d’éclatement de la « bulle immobilière ».
3. Discuter - Les principales victimes de la crise des subprimes sont-elles des « Joyce » ou des « Cynthia » ?
4. Expliquer - Pourquoi l’Etat accepte-t-il de renflouer la banque ?

Exercice 10 : Evolution des prix et des ventes de maisons aux Etats-Unis


1. Présentez l’évolution des prix des maisons aux Etats-Unis.
2. Comment expliquer que l'évolution des crédits aux ménages soit parallèle à celle des prix immobiliers ?